RSA POUR TOUS À PARTIR DE 18 ANS PROPOSÉ PAR F. RUFFIN : INTERVENTION À LA TRIBUNE.
En séance ce jeudi 6 mai 2021, dans le cadre de l'examen de la Proposition de loi de François RUFFIN, portant création d'un RSA pour les jeunes de 18 à 25 ans.
Une mesure contre laquelle je m'étais déjà opposée en février dans ce même hémicycle , alors proposée par le groupe socialiste. S'il est en effet assez simple de défendre l'idée de distribuer de l'argent à tous les jeunes, il est plus difficile mais plus courageux, de requestionner les politiques en faveur de la jeunesse et de réussir à créer les conditions d’une insertion sociale et professionnelle durable pour tous. Je suis à nouveau intervenue pour le groupe "La République en Marche !" pour le rappeler à la tribune.
Aux défenseurs du RSA Jeunes, je réponds que c'est l'accompagnement qui doit être universel ; Un accompagnement qui prend en compte le jeune dans sa globalité (logement, mobilité, santé,...). Parmi les dispositifs qui ont fait leurs preuves, la Garantie jeunes va être confortée et va évoluer vers des formats différents, en complément de nombreuses mesures qui ont déjà été mises en place dans le cadre du Plan jeunes, et qui produisent des résultats. Ce dispositif allie accompagnement et garantie de ressources.
Mon intervention à lire ci-dessous, ou à voir en vidéo en bas de page.
Mon intervention :
"Monsieur le président,
Madame la ministre,
Monsieur le rapporteur,
Madame la présidente des affaires sociales,
chers collègues,
Cela fait plusieurs années qu’émerge l’idée d’étendre le RSA (Revenu de Solidarité Active) à tous les jeunes à partir de 18 ans. Cela fait plusieurs mois, que ce sujet vient en débat dans cet hémicycle.
Je ne vais pas énumérer une nouvelle fois les mesures d’urgence prises dans le cadre du plan 1 jeune 1 solution , les évolutions et les résultats déjà très satisfaisants qui en découlent. Je vais tout de même partager avec vous une bonne nouvelle puisque 48 % des jeunes identifient aujourd’hui la plateforme « un jeune, une solution » ; portail qui fait le lien entre les entreprises, les jeunes et les structures qui peuvent les accompagner. C’est plus qu’encourageant. Et parce que les jeunes ne sont pas toujours bien informés des aides auxquelles ils peuvent prétendre, le gouvernement a lancé la boussole des droits la semaine dernière. Nous devons en faire la promotion.
Je fais le choix de vous rappeler une nouvelle fois notre ambition pour la jeunesse de ce pays,
- Notre ambition depuis le début du quinquennat et particulièrement depuis la mise en place du plan jeunes, c’est de mieux accompagner les jeunes dans leur parcours vers l’autonomie et l’emploi, de mieux les repérer, aller vers ceux qui ne savent pas qu’ils peuvent être aidés et accompagnés et qui en ont pourtant besoin.
- Notre ambition c’est que chaque jeune sache à quelle porte frapper ; que chaque jeune trouve une réponse à ses questions.
- Notre ambition c’est de les inciter à se former, se qualifier car nous savons tous que c’est le passeport pour l’emploi.
- Notre ambition c’est aussi d’apporter des solutions aux difficultés que les jeunes rencontrent plus globalement pour se loger, se déplacer, se soigner mais aussi accéder à la culture, au sport et aux loisirs.
- Enfin notre ambition c’est de réussir la mise en place du service public de l’insertion et de l’emploi, cher à Mme la ministre ; Une communauté d’acteurs sur chaque territoire capable de se coordonner au service de l’insertion des jeunes.
Plus vite on repère, plus vite on oriente, plus vite on accompagne, plus vite on remobilise.
Il est assez simple de défendre l'idée de distribuer de l’argent à tous les jeunes. Il est plus difficile mais plus courageux, de requestionner les politiques en faveur de la jeunesse et de réussir à créer les conditions d’une insertion sociale et professionnelle durable pour tous. C'est ce que nous faisons !
Nous, nous estimons que l’extension du RSA à tous les jeunes à partir de 18 ans est une fausse bonne idée.
Pourquoi ?
- D’abord parce que le RSA reste stigmatisant quoi que certains puissent en dire ;
- Parce que l’étendre à tous les jeunes serait une mesure injuste. Certains en bénéficieraient alors qu’ils n’en ont pas besoin. Nous préférons donner plus à ceux qui ont moins ;
- Parce que nous maintenons notre volonté de conditionner la garantie de ressources à un contrat d’engagement réciproque entre le jeune et la structure qui l’accompagne, comme pour les bénéficiaires du RSA aujourd’hui, comme pour un jeune qui signe un Parcours d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie en Mission locale.
En somme le RSA jeunes existe déjà mais il est versé en contrepartie d’études ou dans le cadre d’un engagement dans un parcours d’insertion.
Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire que la Garantie jeunes , dispositif d’accompagnement renforcé d’un an renouvelable 6 mois, à la main des Missions locales, est un formidable outil d’émancipation et d’insertion des jeunes.
Le rapport du Comité d’orientation des politiques jeunesse conclue, je cite : « la Garantie Jeunes doit être la porte d’entrée de demain pour les parcours d’accompagnement des jeunes en situation de précarité puisqu’elle allie accompagnement et garantie de ressources ; ce qui constitue un atout pour lutter efficacement contre la pauvreté des jeunes. La réussite de la Garantie jeunes tient à ce modèle spécifique contrairement aux dispositifs RSA pour lesquels la faiblesse du volet accompagnement a été relevée dans de nombreux rapports »
D’ailleurs si vous voulez en savoir plus sur ces jeunes qui frappent à la porte des Missions locales et qui entrent en Garantie jeunes, je vous recommande en tant que Présidente de Mission locale, un excellent reportage écrit et réalisé par Ilan Teboul « entendez-vous dans nos campagnes » qui passe ce soir sur la chaine parlementaire. Un documentaire très touchant qui retrace la vie de jeunes alsaciens, vivant dans un territoire rural et qui ont intégré le dispositif Garantie jeunes quelques jours avant le premier confinement.
Vous pourrez suivre ces jeunes aux parcours de vie difficiles : certains ont subi l’échec scolaire, la stigmatisation, la honte, d’autres ont été victimes de violences. Tous sont persuadés qu’ils ne valent rien. Ils doutent, manquent de confiance en eux et sont perdus.
Ils souffrent de l’isolement, la solitude, n’ont pas le permis, pas de moyens de locomotion. Ils rêvent de partir, de trouver un travail, d’être autonomes.
Ce documentaire montre bien la diversité des profils ; montre comment ces jeunes passent des doutes à la l’envie ; comment ils se reconstruisent peu à peu, comment ils apprennent à valoriser ce qu’il y a de bien chez eux quand ils n’ont rien à valoriser sur un CV.
De belles histoires et d’autres qui se poursuivent car certains ont besoin d’un peu plus de temps.
Alors, au RSA jeunes, nous préférons poursuivre la réflexion sur les contours d’une Garantie jeunes universelle qui allie accompagnement et garantie de ressource. Le président de la République vient de s'engager dans ce sens et fera des annonces avant l'été. Le ministère du travail de l’insertion et de l’emploi consulte en ce moment les acteurs de terrain. Le service public de l'emploi, Pôle-emploi, les Missions locales. D'ailleurs, l’Union Nationale des Missions Locales a rendu une première contribution et poursuit ses travaux de réflexion au sein de son réseau.
Des chantiers, il en reste encore énormément, comme par exemple la prévention du décrochage scolaire et universitaire, la situation des étudiants, l'information sur les droits, les offres de formation, le repérage des invisibles ou encore la mobilisation effective et complémentaire de tous les acteurs de l’éducation, l’orientation, la formation et l’accompagnement et bien sûr des entreprises, associations et collectivités.
Nous avons demandé des efforts monumentaux à nos jeunes, nous leur devons aujourd’hui tout notre engagement.
Je vous remercie".
Mon intervention à voir en vidéo.
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