PJL "ANTI-GASPILLAGE ET ÉCONOMIE CIRCULAIRE" DÉFINITIVEMENT ADOPTÉ.
Vote et adoption large et définitive à 227 voix contre 10, du Projet de loi relatif à « La lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire » ce mardi 21 janvier 2020. En quoi est-il un texte structurant pour la transition écologique? Éléments de contexte, enjeux et retour sur l'essentiel.
L'ESSENTIEL DU TEXTE :
Présenté en Conseil des ministres le 10 juillet 2019, ce projet de loi poursuit deux objectifs
- Transformer nos façons de produire et de consommer pour passer à une économie circulaire où on limite notre production déchets
- Donner à chacun des acteurs concernés par la gestion des déchets les moyens d’agir en fonction de leurs capacités.
Ce texte intègre plusieurs propositions issues de la feuille de route pour l’économie circulaire (FREC) et transpose les directives européennes issues du « Paquet Économie circulaire ».
Les principales dispositions de ce texte s’articulent autour de quatre grandes orientations :
→ Le renforcement de l’information du consommateur , en particulier sur les qualités et caractéristiques environnementales des produits (article 1er) , la disponibilité des pièces détachées (article 4) ou la réparabilité de certains équipements (article 2) ;
→ La lutte contre le gaspillage sous toutes ses formes avec l’interdiction d’élimination des invendus non - alimentaires (article 5) et la réalisation d ’un diagnostic déchets sur certaines opérations de démolition et réhabilitation de bâtiments (article 6) ;
→ La mobilisation des industriels pour transformer les modes de production avec la création de nouvelles filières de responsabilité élargie du producteur ou la possibilité de création d’un dispositif de consigne pour réemploi et réutilisation (article 8) ;
→ L’amélioration de la collecte des déchets pour lutter contre les dépôts sauvages avec l’ harmonisation de la couleur des contenants dès 2022 (article 9) ou l’habilitation du Gouvernement à légiférer par ordonnance pour renforcer l’efficacité de la police des déchets (article 12) .
ÉLÉMENTS DE CONTEXTE ET ENJEUX :
l n’existe pas aujourd’hui de définition « normalisée » , ni même stabilisée du concept d’économie circulaire. L’ADEME le définit néanmoins comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits, vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien être des individus. Elle vise donc à diminuer le gaspillage des ressources, pour découpler la consommation des ressources de la croissance du PIB.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte :
La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) a introduit, en droit français, les bases de la lutte contre le gaspillage et la réduction des déchets. Tout d’abord, le texte introduit le concept d’économie circulaire au sein du code de l’environnement : l’article L. 110 - 1 - 1 du code de l’environnement précise que « la transition vers une économie circulaire vise à dépasser le modèle économique linéaire consistant à extraire, fabriquer, consommer et jeter en appelant à une consommation sobre et responsable des ressources naturelles et des matières premières primaires ainsi que, par ordre de priorité, à la prévention de la production de déchets, notamment par le réemploi des produits, et, suivant la hiérarchie des modes de traitement des déchets, à une réutilisation, à un recyclage ou, à défaut, à une valorisation des déchets » et reconnait la transition vers une économie circulaire comme l’un des cinq piliers du développement durable.
En outre, elle a permis la mise en œuvre de plusieurs avancées en matière de production et de consommation durable (interdiction des couverts jetables en plastique à partir du 1er janvier 2020, interdiction de la mise à disposition des sacs en matière plastique au 1er janvier 2016, définition et sanctions en matière d’obsolescence programmée, etc... ) et introduit la présentation par le Gouvernement, tous les 5 ans, d’une stratégie nationale de transition vers l’économie circulaire .
Par ailleurs, outre le volet relatif à l’économie circulaire, la loi a fixé des objectifs ambitieux concernant la prévention et la gestion des déchets ( avec notamment l a réduction de 10% des déchets ménagers et assimilés , l a lutte contre l’ obsolescence programmée des produits manufacturés , la valorisation de 70% des déchets du secteur du BPT en 2020 , etc...)
Une évolution récente de la règlementation européenne :
Au cours des dernières années, l’Union européenne a multiplié les textes réglementaires en faveur de la réduction des déchets et du recyclage. En 2015, la Commission européenne a ainsi publié ́ un plan d’action visant à accélérer la transition de l’Europe vers une économies circulaire, suivi de la présentation de plusieurs propositions de directives pour relever et compléter les objectifs fixés.
Cet ensemble de texte, appelé « Paquet Économie circulaire » a été finalement adopté le 22 mai 2018 , et comprend une directive cadre, la directive (UE) 2018/851 modifiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets et trois directives sectorielles et trois directives sectorielles relative aux piles et accumulateurs ainsi qu’aux déchets de piles et d’accumulateurs ainsi qu’aux déchets d’ équipements électriques et électroniques , concernant la mise en décharge des déchets et relative aux emballages et aux déchets d’emballages. Elles fixent une série d’objectifs à respecter pour l’ensemble des États membres
Il a été complété par la directive (UE) 2019/904 du 5 juin 2019 relative à l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement également dénommé « directive sur les plastiques à usage unique », qui prévoit notamment un objectif de collecte des bouteilles en plastique de 90 % des volumes d’ici à 2029, et un objectif de 25 % de contenu recyclé dans les bouteilles en plastique d’ici à 2025, et de 30 % d’ici à 2030 ou encore l’interdiction de mise sur le marché de certains produits à usage unique d’ici 2021 (assiettes, couverts, pailles, etc . ).
Un travail sur l'économie circulaire lancé dès le début du quinquennat :
En octobre 2017, le Gouvernement a souhaité lancer l’élaboration d’une feuille de route de l’économie circulaire (FREC). Après une consultation , près de 1800 contributions, 4 ateliers thématiques et une mission sur l’avenir des filières de Responsabilité élargie des producteurs (REP), confiée à Jacques VERNIER (Président de la commission des filières REP) , une Feuille de route pour l’ économie circulaire (FREC) contenant 50 mesures a été présentée par le Premier Ministre et Brune POIRSON le 23 avril 2018, avec pour principaux objectifs :
- la réduction de 30% la consommation de ressources d’ici à 2030 par rapport à 2010 ;
- la réduction de 50% des quantités de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 ;
- le recyclage de 100% des plastiques à horizon 2025, permettant d’ économiser 8M de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année ;
- la création de près de 300 000 emplois.
La FREC s’articule alors en 4 parties :
→ Mieux produire , avec l’objectif d’inciter à une mont é e en gamme et une différenciation des produits et de favoriser l’emploi et les compétences dans le secteur de l’ économie circulaire ;
→ Mieux consommer , en donnant plus de moyens aux consommateurs, par la lutte contre l’obsolescence programmée avec la création d’un « indice de réparabilité » des produits électroniques et électriques, la fixation d’objectifs de réemploi, de réparation et de réutilisation aux filières REP , etc ;
→ Mieux gérer nos déchets avec des mesures visant à simplifier le tri, collecter 100% des déchets recyclables et améliorer la collecte des déchets d’entreprises et du BTP , via la création d’une consigne solidaire, une harmonisation des règles de tri sur tout le territoire, une adaptation de la fiscalité pour rendre le recyclage moins cher que la mise en incinération des déchets - notamment en réduisant le taux de TVA à 5,5% pour la prévention , etc ;
→ Mobiliser tous les acteurs avec des mesures visant à renforcer la communication autour de l’ économie circulaire mais aussi à confier un rôle aux conseils régionaux dans l’animation des territoires, d’intégrer l’ économie circulaire dans les contrats de transition écologique ou encore intégrer l’ économie circulaire dans les stratégies de commandes publiques.
Le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire largement adopté ce jour, vise à mettre en œuvre une partie des propositions de la FREC, mais également à transposer en droit français les dispositions issues des directives européennes du « Paquet Économie circulaire ».