PATRIMOINE SENSORIEL DES CAMPAGNES FRANÇAISES: UNE PPL ADOPTÉE.
Vote et adoption à l'unanimité avec 66 voix, ce jeudi 30 janvier 2020, d'une proposition de loi à définir et protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises. Pour cela, le texte prévoit l'impossibilité de considérer comme " troubles anormaux de voisinage " les nuisances relevant des émissions sonores et olfactives, préalablement inscrites en commission départementale. Retour sur l'essentiel du texte et les éléments de contexte de celui-ci.
L'ESSENTIEL DU TEXTE :
Le texte de loi prévoit :
- de créer dans l’article L. 1 du code du patrimoine, une nouvelle catégorie de patrimoine : le « patrimoine sensoriel des campagnes » ;
- que les émissions sonores et olfactives des espaces et milieux naturels peuvent faire l’objet d’une inscription au titre du patrimoine sensoriel des campagnes ;
- qu’une commission départementale, établie sur le modèle de la commission régionale du patrimoine et de l’architecture prévue à l’article L. 611 - 2 du code du patrimoine, est consultée lors de l’inscription ;
- que les nuisances sonores et olfactives relevant des émissions sonores et olfactives inscrites ne peuvent être considérées comme des troubles anormaux de voisinage.
ÉLÉMENTS DE CONTEXTE ET ENJEUX :
La proposition de loi vise à dénoncer la menace des actions en reconnaissance d’un « trouble anormal de voisinage » contre le patrimoine immatériel du milieu rural (chant du coq, tintement des cloches, coassement des grenouilles etc.). Le texte entend inscrire les émissions sonores et olfactives au patrimoine sensoriel des campagnes et leur donner une protection juridique particulière . Les nuisances sonores ou olfactives relevant des émissions inscrites à ce patrimoine ne pourraient donc pas être considérées comme des troubles anormaux de voisinage .
La proposition de loi fait suite à de multiples affaires dont l'on a tous entendu parler (cloches de Bondons, mare aux grenouilles de Grignols, coq de l'île d'Oléron...) qui indiquent que le patrimoine immatériel des campagnes françaises - et la biodiversité en général - peuvent se trouver sous la menace d’ actions en reconnaissance d'un trouble anormal de voisinage. Cette proposition de loi entend ainsi faire face à la multiplication de ces affaires impliquant des vacanciers ou des néoruraux , et ainsi aux recours en justice jugés excessifs face aux bruits et aux odeurs de la campagne.
Selon les auteurs du texte, la menace de la procédure du trouble anormal du voisinage ne constitue pas le seul obstacle à la sauvegarde du patrimoine. Les sons de la campagne n'entrent pas non plus dans le champ du patrimoine culturel défini par l'Unesco. Afin de combler le vide juridique, seraient visées les émissions sonores et olfactives des espaces et milieux naturels terrestres et marins, des sites, aménagés ou non, ainsi que des êtres vivants qui présentent au regard de la ruralité un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation (article L. 660 - 1 du Code du patrimoine).
Aujourd'hui, le bruit des animaux peut être réglementé par le Code de l'environnement, dans la mesure où le propriétaire de plusieurs animaux est considéré comme l'exploitant d'un élevage. À ce titre, il ne s'agit plus d'un particulier, mais d'un professionnel soumis à la réglementation applicable aux installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).
L'inscription au « patrimoine sensoriel des campagnes » serait donc réalisée d'office par l'autorité administrative compétente ou sur demande de la commission départementale du patrimoine sensoriel des campagnes (article L. 660 - 2 du même code). Cette nouvelle commission comprendrait des membres élus, des représentants de l’État, des représentants d’associations ou de fondations ayant pour objet la préservation du patrimoine sensoriel des campagnes, ainsi que des personnalités qualifiées.